Les oiseaux libres
Notre état de bipède mammifère
nous enjoint à fantasmer
le pouvoir naturel des espèces à plumes.
Cette facilité de quitter une contrée à tire d’aile
pour se retrouver à l’autre bout d’un monde
que l’on a longtemps nous-mêmes ignoré.
On prête une sagesse instinctive à ces créatures,
jouissant d’une liberté sans notre gré,
que l’on jalouse en voulant se l’approprier.
Derrière des barreaux ou une bague au doigt,
on satisfait notre égoïsme à vouloir posséder l’autre,
se persuadant des bienfaits que l’on impose.
Aujourd’hui, j’apprends à aimer les oiseaux libres.
À chérir la connexion de deux êtres
qui savent qu’ils ne peuvent pas rester.
Mais qui peuvent s’offrir le temps d’une escale,
de l’amour en partage.
Dans ce désapprentissage d’une tendresse à source unique,
j’accueille une gratitude lumineuse
à voir passer des comètes incandescentes et volatiles.
À éprouver un cœur peiné par le départ des ailes qui s’ouvrent,
mais en assumant une joie de les savoir heureux.
Ailleurs.
Et sans moi.
Le sillage de ton envol restera dans mon horizon
une constellation d’amours multiples,
visibles aux crépuscules des yeux de toutes les latitudes.