À toi

C’est soudain.

Si soudain.
 
Ça arrive insidieusement, sous couvert de la conscience.
Jaillissant sans contrainte, ébranlant notre confiance,
Surprenant notre adresse à domestiquer ce que l’on ressent.
 
Ca commence par une attirance, des yeux qui s’enlacent,
timides et béats, aveuglés par la perception de leur contact.
C’est comme un orage, sommaire et violent 
qui attise notre désir à retrouver cette coïncidence.
 
L’envie enivrante de s’abandonner entièrement 
à cette main qui nous effleure, à ce vertige qui nous surprend.
La découverte animale de nos sens, 
du sourire qui s’esquisse au corps qui se tend.
 
Une ivresse à vif qui ondule, tendre et avide,
s’élevant vers l’intime des hautes altitudes.
L’échange d’un souffle brûlant, le plaisir de sonder ensemble
le moment de cette pleine conscience.
 
Parce qu’il n’y a que nous deux.
 
C’est le rire au bord des larmes, dans une surdité fiévreuse, 
quand les gorges se nouent, que l’éphémère s’efface.
A vouloir retenir le temps pour que demain ne succède,
la mémoire de nos sens l’a tracée dans nos chairs.